Rencontre avec Constance
Il y a déjà un bon nombre d’années (disons vers 2006), une amie m’a dit : « tiens j’ai acheté un CD, la nana a une voix qui me fait penser à la tienne ». Elle m’a passé les mp3, je les ai mis dans ma liste « à écouter » et quelque peu oublié de le faire sur le moment.
Quand je l’ai finalement fait, je me suis dit que j’adorais sa voix (et que si ressemblance il y avait, ça m’allait grave) et qu’en fait j’adorais tout sur cet album.
J’ai couru l’acheter mais IMPOSSIBLE de le trouver. Forcément, il était déjà sorti depuis un moment, en auto-produit … Bref Whisperwood c’est un peu mon Graal du CD à trouver !
Et puis la sortie du « vrai premier album » : Fairytale m’a permis de voir Constance en concert (joli souvenir du Divan du Monde), de la rencontrer à droite à gauche au détours de soirées ou de concerts divers … une belle rencontre musicale et amicale.
Alors quand on m’a proposé de l’interviewer pour Once Twice, je n’ai pas hésité longtemps 😉
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RENCONTRE AVEC CONSTANCE
Après Whisperwood (autoproduit) et Fairytale (Tôt ou tard), Constance revient avec un troisième album, Once Twice, au concept un peu particulier : il s’agit d’une adaptation en anglais de l’album de Da Silva, La tendresse des fous.
En plein mixage de son album, à l’été 2009, Da Silva appelle Constance pour lui proposer ce projet, sur lequel ils se mettent à travailler immédiatement. Et pendant que le premier single de Da Silva commence à être diffusé, ils finalisent l’album de Constance :
C’était très bizarre, car Da Silva naviguait toujours entre deux tonalités : il commençait la promo de son album qui sortait en septembre et en même temps il venait faire les guitares pour le mien 2 tons en-dessous ou au-dessus.
Nous avions parfois la voix française comme repère donc nous étions tous les deux sans cesse basculés entre les deux versions. Surprenant aussi pour Dominique Blanc-Francard qui a réalisé les deux albums : il sortait d’un mix et ré-attaquait le même dans une autre tonalité !
Pour un auteur-compositeur-interprète, l’on peut se demander si l’exercice n’a pas un côté quelque peu limitant ou si au contraire avoir déjà les murs est rassurant :
C’est assez agréable en fait comme position, surtout que je ne l’avais eue avant: d’habitude j’écris paroles et musiques, je dessine tout moi-même. Mais là le paysage, les histoires, la texture, les instruments: tout était là. Cela n’avait absolument rien à voir comme approche musicale, et c’était agréable d’arriver ainsi en tant qu’adaptateur-interprète d’un projet. J’aime bien changer d’angle, essayer des choses différentes en musique.
Le premier extrait d’Once Twice est la chanson qui ouvre l’album : l’excellente That Road. Son ambiance captive immédiatement, avec un quelque chose d’indéfiniment beau qui en fait l’un des plus jolis titres de l’album.
That Road – La route c’est la première chanson que j’ai découverte de La tendresse des fous quand je suis arrivée au studio. J’ai eu un coup de cœur immédiat, et me suis aussi retrouvée dans l’écriture, l’idée de reprendre la route, de changement; ainsi que dans l’ambiance musicale de la chanson : cette sensation de grands espaces, de road movies, de souvenirs en cavale … Un vrai coup de cœur qui m’a donné envie de faire tout l’album.
A la réalisation du clip de That Road, qui évoque ces « grands espaces » justement, on retrouve Franck Guérin, qui avait également réalisé celui de Clash dans le tempo à l’époque de Fairy Tales.
En écoutant Once Twice, forcément on a envie d’écouter également La Tendresse des fous, pour mieux mesurer l’ampleur du travail accompli, déceler les évolutions d’arrangements et surtout étudier comment Constance réussit à adapter le style de Da Silva, très heurté dans sa prononciation et imagé dans les mots.
Même si je ne sais rien du tout, rien du tout
>> You know I don’t have a clue, not a clue
Ce que le temps fera de nous, les jours de peine.
>> What time will do to me and you, the days we shed.
Changement de langue oblige, certaines adaptations ont forcément été nécessaires, comme par exemple ce choix artistique de garder une partie du refrain en français pour Tender Fools, donnant à la chanson un charme tout particulier.
J’ai été obligée de faire quelques changements. Par rapport au français, je perdais souvent la cadence : l’anglais a moins de consonnes, est plus fluide, il fallait trouver où recréer cette cadence. Pour l’écriture, celle de Da Silva étant très poétique, ce que j’adore, j’ai essayé de garder ses images poétiques. L’avantage c’est qu’il ne comprenait pas grand chose à mes paroles donc j’étais très libre et puis surtout il m’a fait entièrement confiance. Mais j’ai tenu pour l’exercice et le challenge artistique, à raconter exactement la même histoire, en restant au plus proche de ce qu’il racontait même si parfois ça dévie un peu.
Seule chanson de La tendresse des fous absente d’Once Twice: La moisson remplacée par L’indécision :
C’est une chanson dure, très triste. J’ai fait l’adaptation, mais quand il a fallu le chanter, l’interpréter, je ne me voyais pas le faire donc j’ai proposé d’intégrer L’indécision, que j’aime beaucoup et qui est la première chanson que j’ai écoutée de Da Silva.
Il est amusant de constater que si Da Silva est plutôt connu « sans prénom », Constance elle n’a gardé que le sien pour cet album :
Constance Amiot, c’est plus quand j’écris paroles & musique or là c’est plutôt un side project : ce qui m’intéresse en musique c’est l’échange, les rencontres … Cela faisait longtemps qu’avec Da Silva on voulait travailler ensemble et là qu’il me fasse confiance comme ça en me disant « prends mon disque et adapte-le en anglais » j’ai trouvé ça génial ! Même si des gens pourront trouver la démarche bizarre.
Et Constance retrouvera rapidement son nom de famille, Amiot donc, pour son prochain album qu’elle prépare actuellement. Prévu pour 2012, on l’y retrouvera alternant chansons en anglais et en français. D’ici là, nous aurons très probablement la chance de la voir sur une petite scène parisienne avec Da Silva autour de ce projet (infos à suivre bientôt).
La suggestion d’écoute de Constance
Un jeune artiste que je trouve extraordinaire: Eddy La Gooyatsh. Son album est très beau : il a des textes plein d’humours et à la fois très vrais. Une belle découverte : on s’était rencontrés sur le festival Seul en Scène et depuis chaque fois qu’il passe à Paris je vais le voir !
Constance – Once Twice
That Road
Upside down
Tender fools
Beautiful letters
Carnival
Defeat
Indecision
The plains
Inseparable
Rebounds
Some place
Interview réalisée le 11 octobre, à La Place Verte.
Photos extraites de l’EPK
Merci à Cécile (Wagram) et Constance.
Constance – Once, Twice | Tôt ou Tard- Disponible
Rétrolien : Playlist Septembre / Octobre 2011 | Le Palindrome