The Reader

Article publié à l’origine Le-HibOO.com

Allemagne de l’Ouest, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Un adolescent, Michael Berg, fait par hasard la connaissance de Hanna, une femme de trente-cinq ans dont il devient l’amant. Commence alors une liaison secrète et passionnelle. Pendant plusieurs mois, Michael rejoint Hanna chez elle tous les jours, et l’un de leurs jeux consiste à ce qu’il lui fasse la lecture. Il découvre peu à peu le plaisir qu’elle éprouve lors de ce rituel tandis qu’il lui lit L’Odyssée, Huckleberry Finn et La Dame au petit chien. Hanna reste pourtant mystérieuse et imprévisible. Un jour, elle disparaît, laissant Michael le cœur brisé. Huit ans plus tard, devenu étudiant en droit, Michael assiste aux procès des crimes de guerre Nazi. Il retrouve Hanna… sur le banc des accusés. Peu à peu, le passé secret de Hanna est dévoilé au grand jour… (Fiche Allociné)

The Reader est un film bouleversant. A la fois pour le fil conducteur qui repose sur le récit d’une passion tragique mais aussi pour la période de l’Histoire à laquelle il fait référence. Et ce sont ces deux grands axes et leur mélange qui font la richesse de ce film, et du roman dont il est adapté, Le liseur de Bernhard Schlink.

Kate Winslet interprète avec une grande justesse – qui lui a d’ailleurs valu un Oscar – le rôle d’Hanna Schmitz, une femme mystérieuse et très fermée, difficile à cerner. A ses côtés, le jeune David Kross excelle dans le rôle de Michael Berg, l’adolescent dont la vie va changer suite à sa rencontre avec Hanna. C’est Ralph Fiennes qui reprendra le personnage, apportant une intensité ténébreuse au personnage devenu adulte.

Le film est astucieusement construit en flash-backs, qui permettent de mieux comprendre l’évolution psychologique des personnages, et notamment celle de Michael. En effet, le roman de Bernhard Schlink est écrit à la première personne, facilitant le cheminement des pensées du narrateur, mais dans le film, Stephen Daldry réussit le tour de force d’arriver à faire transparaître à l’écran sans voix off le dilemme intérieur de Michael, qui découvre que la première femme qu’il a aimée est jugée pour crime de guerre nazi.

C’est explicité à plusieurs reprises dans le livre, au moment du procès d’Hanna :

Ne pas comprendre Hanna signifiait la trahir une fois de plus. Je ne m’en suis pas sorti. Je voulais assumer les deux, la compréhension et la condamnation. Mais les deux ensemble, ça n’allait pas.

et de nouveau avant que Michael ne se décide à reprendre contact avec Hanna bien des années plus tard :

J’avais de nouveau le sentiment de l’avoir trahie et d’être coupable envers elle. Et puis je me révoltais contre ce sentiment, j’accusais Hanna, je trouvais facile et trop simple cette manière qu’elle avait d’esquiver sa culpabilité.

Dans le film, cette lutte intérieure est moins explicite mais le jeu de David Kross et Ralph Fiennes la rend palpable et c’est vraiment remarquable.

Kate Winslet quant à elle relève avec brio le défi d’interpréter ce personnage controversé, en réussissant la performance de toujours garder le spectateur dans une oscillation sur l’avis à porter sur le personnage, sans jamais le faire basculer.

The Reader

Le livre de Bernahrd Schlink est une œuvre importante en Allemagne, car l’auteur aborde la question de savoir comment des gens ont pu commettre de telles atrocités mais évite cependant d’entrer sur le terrain d’une rédemption ou d’un pardon apposé à la suite de l’explication.

Le film de Stephen Daldry, au scénario de David Hare, fait de même mais en revanche, la fin de celui-ci est plus abrupte. Le fait qu’Hanna ait passé les dernières années de sa vie à lire des ouvrages historiques sur les camps de concentration et à se documenter sur la période est passé sous silence et les derniers échanges entre elle et Michael sont écourtés, laissant d’elle une image nettement plus insensible que dans l’histoire originale.

Mais cela reste une excellente adaptation, avec quelques ajouts et changements chronologiques intéressants, ainsi que beaucoup d’éléments habilement glissés faisant allusion aux passages occultés du roman.

NB : l’extrait de la bande-annonce où Michael demande où est partie Mme Schmitz semble avoir été supprimée de la version finale …

Film vu à UGC Cergy-le-Haut, salle 14

Ajouter un Commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *