D’après une histoire vraie – Delphine de Vigan

Honnêtement, je ne saurais pas vraiment dire si j’ai aimé ou non D’après une histoire vraie. L’histoire m’a laissé une impression étrange, et son dénouement un sentiment d’inachevé mais j’ai quand même eu beaucoup de plaisir à lire celle-ci. Très certainement parce que comme dans les précédents écrits de Delphine de Vigan, il y a de nombreux passages qui d’une manière ou d’une autre ont fait écho en moi, et de manière parfois troublante…

Morceaux choisis

Dans la vie, il y a ceux dont on se souvient et puis ceux qu’on oublie. Ceux qui laissent une empreinte, où qu’ils aillent, et ceux qui passent inaperçus, qui ne laissent aucune trace. Ils n’impriment pas la pellicule. Ca s’efface derrière eux.
[p135]

« Si tu ne saisis pas le petit grain de la folie chez quelqu’un, tu ne peux pas l’aimer. Si tu ne saisis pas son point de démence, tu passe à côté. Le point de démence de quelqu’un, c’est la source de son charme. » – Gilles Deleuze
J’ai aussitôt pensé à L.
J’ai pensé que L. avait perçu mon point de démence, et réciproquement.
Peut-être était-ce d’ailleurs cela, une rencontre, qu’elle soit amoureuse ou amicale, deux démences qui se reconnaissent et se captivent.
[p177-178]

Souvent lorsque je les ouvre (ces albums photos), je me dis que j’aimerais savoir écrire cela, ce temps révolu dont l’image est le témoin à la fois si précis et si impuissant.
[p199]

A l’âge adulte, l’amitié se construit sur une forme de reconnaissance, de connivence : un territoire commun. Mais il me semble aussi que nous recherchons chez les autres quelque chose qui n’existe en nous-mêmes que sous une forme mineure, embryonnaire ou contrariée. Ainsi, avons-nous tendance à nous lier avec ceux qui ont su développer une manière d’être vers laquelle nous tendons sans y parvenir.
[p257-258]

Les vrais élans créateurs sont précédés par une forme de nuit.
[p296]

Est-ce que chacun de nous a ressenti cela au moins une fois dans sa vie, la tentation du saccage ? Ce vertige soudain – tout détruire, tout anéantir, tout pulvériser – parce qu’il suffirait de quelques mots bien choisis, bien affûtés, bien aiguisés, des mots venus d’on ne sait où, des mots qui blessent, qui font mouche, irrémédiables, qu’on ne peut pas effacer. Est-ce que chacun de nous a ressenti cela au moins fois, cette rage étrange, sourde, destructrice, parce qu’il suffirait de si peu de choses, finalement, pour que tout soit dévasté ?
[p322-323]

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