Rencontre avec Angus & Julia Stone
Faire une interview au début de l’été, juste avant de partir sur un autre continent, pour un album qui sort au milieu d’un no man’s land estivalier…et s’apercevoir à l’automne qu’on a complètement oublié de la publier.
Alors quitte à ne plus être dans le timing, autant être complètement en retard et le faire au moment de leurs concerts parisiens : Angus & Julia Stone sont actuellement à Paris, pour deux dates au Casino de Paris ce soir et demain. Complets évidemment.
Et puis comme leur nouvel album vient d’être réédité et que Noël approche, peut-être que cela vous donnera envie de vous y (re)plonger et de le partager au pied du sapin 😉
Angus & Julia Stone. Angus ET Julia Stone.
On ne pensait plus cela possible depuis qu’ils avaient annoncé il y a deux ans suspendre leur projet commun pour s’échapper en solo chacun de leur côté.
Mais pourtant les voici de retour, ensemble, avec un troisième album sobrement intitulé Angus & Julia Stone.
Aux premières notes, nous sommes saisis par un son plus musclé et surtout par leurs deux voix qui chantent ensemble. Elles se mêlent tout au long sur A heartbreak, se répondent sur Heart beat slows, se croisent et se décroisent sur Wherever you are et Other things… Auparavant leurs albums étaient clairement scindés en deux, chacun ses chansons avec parfois quelques chœurs mélangés mais sans plus. Là même si l’on reconnaît la patte d’Angus ou de Julia plus profondément sur certains titres, le cheminement se fait à deux et c’est la véritable nouveauté de l’album, ce qui fait que cette renaissance du groupe a du sens et que les retrouver ensemble a cette saveur si particulière.
[Julia] Nous sommes vraiment fiers de ce disque. Quand on a fait ce festival tous les deux en tant qu’artistes solos et qu’Angus m’a rejointe sur une chanson, c’est là qu’on a pris la décision de refaire de la musique ensemble. 6 mois plus tard, on écrivait des chansons et faisions des bœufs ensemble. Cet album a des chansons qu’on aime vraiment jouer tous les deux, il y a vraiment une bonne énergie autour de tout ça. Le groupe qui a enregistré l’album est en tournée avec nous donc il y a vraiment un bon sentiment à être tous ensemble et à partager les chansons avec les gens.
A leurs côtés on retrouve des têtes familières : Rob Calder, leur bassiste qui lui avait suivi Angus sur les routes et puis Freddy leur tour manager qui avait lui suivi Julia sur les routes et qui semblent tous deux ravis de se retrouver autour du duo réuni. Celui à qui l’on doit cela c’est Rick Rubin, producteur séduit par leur musique qui les poussa à rejouer ensemble :
[Julia] Rick ne savait même pas à quel point c’était « a big deal » pour nous de décider de refaire de la musique ensemble. Quand on a commencé à travailler sur l’album quelqu’un en studio lui a dit « mais tu sais ils avaient dit qu’ils ne retravailleraient plus ensemble » et il était là « vraiment ?!!« . Ça ne lui avait même pas traversé l’esprit qu’on était vraiment en mode solo. Il n’a pas poussé pour que ça arrive, il a juste fait que ça arrive. Et c’est ça Rick. On pourrait penser qu’un grand producteur change tout à sa sauce, mais là non, il a une façon de travailler où il laisse les choses arriver. Comme s’il savait qu’Angus et moi avions encore des choses à partager.
[Angus] C’était une nouvelle expérience, Rick a un côté motivant, quand il parle tout le monde l’écoute, il a de bonnes vibes.
Cet été, le groupe a fait une tournée européenne, dont La Maroquinerie à Paris, avant que l’album ne soit sorti : ainsi le public découvrait une nouvelle fois leurs morceaux en live avant leur version album :
[Julia]A la base l’album devait sortir en avril, mais le mix a pris un temps fou ! J’ai envoyé à Angus cette photo où un squelette est à une table de mixage et la légende dit « the mixes is almost perfect ». C’est un peu ce qu’on a vécu, à ajuster encore et encore.
Le résultat est super, on adore le son de l’album, mais ça a pris tellement de temps… la sortie a été repoussée mois après mois et la tournée était déjà planifiée.
Mais ce n’est pas plus mal, que les gens découvrent les chansons en concert, s’ils aiment les nouvelles chansons ça rend l’attente plus excitante.
[Angus] Pur nous en tant que groupe c’est cool, ça nous permet de sortir de la bulle du studio, de faire exister les chansons d’une manière différente.
Parfois je me demande ce que ça serait de faire la tournée avant pour roder les chansons et ensuite de les enregistrer. Mais je ne suis pas sûr qu’on ait la même magie qui sort du premier jet, spontané, incertain. Les tâtonnements ont un charme magique.
[Julia] Oui quand la chanson naît il y a quelque chose en plus. Un peu comme si on la prenait à la naissance et non pas à l’adolescence. (laughs)
Ce qui change aussi sur cet album, c’est que c’est la première fois qu’on les voit sur la pochette : pas d’illustration, pas de photos d’archive familiale, non ce sont bien eux qui incarnent cet album :
[Julia] On n’avait jamais mis de photo auparavant, et c’est un peu comme si là on avait l’impression que c’était un premier album, car c’est la première fois qu’on collabore comme un vrai groupe, écrivant ensemble, enregistrant dans la même cabine.
Avant qu’on ne dise vraiment oui pour travailler ensemble, Angus et moi nous étions dit « si on le fait, on le fait comme un groupe ». Cela avait du sens du coup de nous montrer, cela faisait plus « nous » que tout ce qu’on avait pu faire par le passé. Là c’est vraiment « Angus and Julia Stone », et non plus « Angus Stone & Julia Stone sur le même CD ».
Dans les sonorités de l’album, on retrouve des ambiances plus électriques, faisant penser parfois aux mabiances que l’on retrouvait sur leurs albums solos qui semblent avoir fortement enrichi leur musique commune :
[Angus] Ces années séparés ont été une étape pour évoluer. Tous les deux on ne se challengeait plus vraiment, c’était un peu tracé, ça roulait. En solo, c’est flippant car tu es vraiment tout seul, sans back up, on se remet en question.Là maintenant qu’on se retrouve, c’est différent, il y a toutes ces expériences en plus qui nous ont nourris.
[Julia] Avant c’était un peu dur de trouver une identité, on avait le même nom, on faisait les mêmes concerts… comme Angus le disait, ces deux années de rupture nous ont permis de trouver notre place. Tous les soirs tu te retrouves soudain livré à toi même sur scène et tu dois divertir les gens pendant deux heures, et il faut trouver en toi la confiance pour arriver au bout, sans être épaulé. Et tu finis par te trouver.
Maintenant qu’on retravaille ensemble, c’est comme si tout ça nous avait donné plus de force, et ça peut se traduire par ces sons plus électriques, car il y a vraiment plus d’énergie. Et c’est ce que Rick voulait faire d’ailleurs, un album plus groove, plus fort, avec plus de basse/batterie.
Si on leur demande la chanson vers laquelle va leur préférence sur l’album :
[Angus] « Crash and Burn »sans hésiter.
C’est la dernière chanson de l’album. On l’a enregistrée en Australie : on était tout un groupe d’amis, on avait bu, on était un peu stones, on est arrivé en studio, pris nos instruments, appuyé sur play et la chanson est apparue d’un coup. Il y avait une énergie un peu cosmique, je me souviens avoir eu les yeux fermés pendant toute la chanson, et à la fin en les ouvrant il y avait cette impression qu’un truc puissant venait de se passer. On l’a faite d’un coup, sans la réécouter, c’était vraiment spécial.
[Julia] Moi ça change tout le temps, hier c’était « Heart beats slow » mais aujourd’hui je pense que je choisirais « Wherever you are ».
Elle parle de ce moment très particulier que celui que d’être vraiment amoureux, quand tu es rempli de gratitude pour ce sentiment. Quand je la chante cela me ramène vraiment à ce moment, à cet état. J’aime me rappeler de ce sentiment, et puis j’adore les harmonies vocales de cette chanson, comment on se répond. Elle fait partie de ces chansons dont on n’était pas sûrs sûrs avant de les travailler ensemble, et qui au final se révèlent super.
Et après ce petit moment, Angus & Julia s’éclipsèrent avec cette simplicité qui les caractérise pour aller jouer au tennis 😉
Deezer Session
Heart Beats Slow
A heartbreak
Grizzly Bear
» Angus & Julia Stone + LIVE 2014, disponible
» En concert au Zénith de Paris le 23 avril 2015